Comment rebondir après l’échec d’une candidature au label Capitale Française de la Culture ? En 2022, la Ville et l’agglomération de Bourg-en-Bresse ont mobilisé leur territoire pour candidater à ce titre. Le dossier défendait une démarche visant à « aller vers » les personnes afin d’élargir la participation à la vie culturelle. La candidature n’a pas été retenue mais les collectivités ont souhaité entretenir la dynamique territoriale et poursuivre leur réflexion sur l’évolution de leurs politiques culturelles, à l’aune des droits culturels.
Dans cette logique, le réseau des professionnel·les de la culture, constitué dès 2017, s’est élargi aux domaines de l’éducation, de la petite enfance, du social, du sport, du tourisme et de la santé. La politique culturelle a été réaffirmée autour des enjeux de coopération. L’éducation artistique et culturelle a été retenue comme objet de travail et d’expérimentation autour de la question suivante : si l’on chausse les lunettes des droits culturels, comment envisager différemment les politiques et projets EAC ?
C’est pour accompagner ce mouvement que l’Observatoire a été sollicité pendant une année, sur la proposition d’une « formation-action ». Celle-ci avait pour double objectif d’interroger les pratiques autour de l’EAC au prisme des droits culturels, et de faciliter la mise en œuvre des droits culturels dans les politiques et les projets EAC. Il s’agissait pour ce faire de partir des enjeux territoriaux et d’expériences situées.
De janvier à novembre 2024, 50 personnes, agents des collectivités et opérateur·rices de la société civile, provenant de tous les secteurs de politiques publiques, ont cheminé avec l’OPC :
La formation-action visait à :
- renforcer l’interconnaissance et les liens entre les personnes
- développer des connaissances et des compétences autour des droits culturels
- ajuster les pratiques professionnelles à ce contexte d’action publique renouvelé
- constituer une communauté ouverte pour infuser dans le territoire
Au cours de 9 journées, l’équipe de l’OPC a invité, le matin, des expert·es des droits culturels, de la jeunesse, de l’EAC et de la coopération à transmettre leurs savoir et savoir-faire au groupe. Cet apprentissage et ces échanges sont venus nourrir les après-midi, consacrés à l’analyse de pratique, aux travaux des cas d’études concrets, à l’apprentissage entre pairs et à la production de livrables.
S’inspirant de ses précédentes expériences d’accompagnement et de formation, ainsi que des recherches-actions de nos partenaires (Université de Fribourg, Réseau culture 21, Culture&Démocratie…), l’OPC a élaboré pour Bourg-en-Bresse des méthodes et des outils sur mesure, à partir des problématiques exposées en amont par le réseau. Engagé·es dans des démarches d’éducation artistique et culturelles, les participant·es ont questionné leurs pratiques et leur projets au prisme des droits culturels :
Comment identifier et prendre en compte les attentes des enfants ? De quelle manière les diverses cultures professionnelles rassemblées autour d’un projet EAC peuvent-elles vraiment faire « interculturalité professionnelle » ? Comment dépasser la question de la programmation pour tendre vers des actions plus territoriales ? Comment faire évoluer nos postures pour favoriser la participation ?…
Pour faciliter l’analyse des cas d’étude, un jeu de cartes « Paires de lunettes » a notamment été produit à partir des enjeux exposés par le groupe.
Cherchant la plus grande cohérence entre le fond et la forme, l’OPC a élaboré ce dispositif de formation-action en se référant aux droits culturels, les mobilisant comme une éthique autant qu’une boussole pour penser l’accompagnement du territoire.
Tout au long cette démarche, la qualité de la relation entre les personnes a été mise en avant, ainsi que les postures d’écoute, de dialogue, de coopération, le processus sur le temps long, l’expérimentation, l’ajustement…
Au terme de cette année d’accompagnement, le groupe a produit un livrable intitulé « Balises et référentiel commun d’action » (à télécharger en bas de page).
La forme produite est née du processus itératif, sans avoir d’idée préconçue au départ, si ce n’est la nécessité de laisser une trace, pour à la fois conserver la mémoire de l’expérience et transmettre la matière à celles et ceux qui n’ont pas suivi la formation.
Ce référentiel est donc l’incarnation de la réflexion collective de cette communauté apprenante, située sur un territoire et à un instant T. Il est évolutif et destiné à être diffusé, interprété, discuté, amendé… Il ne s’agit pas d’une charte de bonnes intentions mais d’un guide qui propose des balises avec des questionnements, références et des exemples inspirants.
Il a été pensé comme une boussole utile pour agir : « Si demain, sur notre territoire, nous entreprenons des projets d’EAC en nous inspirant des droits culturels, nous aimerions travailler à partir de ces balises » :
→ Enjeux éducatifs et démocratiques, à poser en prologue
→ Dans « EAC », de quelle culture parle-t-on ?
→ Cultiver la participation
→ Quelle place pour la créativité et de la création ?
→ Travailler l’accueil et l’hospitalité
→ Ajuster ses postures professionnelles
→ Organiser la coopération
→ Observer et évaluer les projets EAC au prisme des droits culturels
Gageons que cette démarche inédite puisse être une source d’inspiration pour d’autres territoires !
Photos © Alice-Anne Jeandel – Illustrations © Ophélie Parlant